Migration et développement, les villes comme lieu d’inclusion

Global Migration Map

Les politiques locales d'inclusion sont diverses, mais sont toujours le résultat de la proximité des administrations avec la communauté locale, y compris avec la population migrante. Aux côtés des grandes, moyennes et petites villes membres de CGLU, réunies le 2 Février à Barcelone pour un dialogue sur les migrations, le développement, la diversité et la cohésion sociale, nous exprimons notre solidarité avec les villes qui répondent, au-delà de leur compétences légales, aux besoins des migrants et des réfugiés en garantissant l'accès aux services de base et le respect des droits humains.

La migration est un fait et les villes sont les premières à être touchées, tant sur le plan géographique que démographique. Elles sont disposées à apporter des réponses fondées sur les principes du développement humain et de la durabilité, afin de prévenir le racisme, en gardant à l’esprit la mobilité sociale et la coopération décentralisée en tant que maillons des politiques sociales et de  solidarité des gouvernements locaux.  

La journée de dialogue de Barcelone a été organisée par le Fonds de coopération catalane, avec comme partenaires des municipalités de Barcelone, du Conseil provincial et de CGLU. Elle a réuni des experts et des politiciens locaux en provenance de villes de Catalogne, notamment Gérone, Mataró, Granollers et Badalona, d'autres villes dans le monde comme Tanger (Maroc), Sedhioui (Sénégal), Nanterre (France), ainsi que des groupes de la société civile, tout particulièrement des migrants. 

Cette conférence a permis de présenter l'évaluation des politiques locales d'inclusion et de coopération dans les municipalités européennes et africaines. Les participants ont conclu que les compétences politiques en termes de migration sont limitées dans la plupart des municipalités. Cependant, les politiques locales s’inscrivent dans le droit, l'intégration, la diversité culturelle et la coopération, des domaines vastes et extraordinairement enrichissants. 

© Fons Català de Cooperaciò

Au niveau local, les politiques de coopération et de migration dépendent fortement de l'activisme. Les citoyens mobilisés sont à la base de toutes les politiques. Les villes présentes ont insisté sur l'empreinte de la diversité de leurs populations d'origine. Patrick Jarry, maire de Nanterre, a donné l'exemple de sa ville, qui est marquée par la migration dans tous ses espaces, dans les petites entreprises, le patrimoine et les expressions culturelles. 

Les municipalités catalanes ont également exposé leurs programmes d'inclusion dans leurs quartiers : elles ont transformé la politique d’urbanisation, de logement et en matière de genre. Grâce à des projets de coopération décentralisée, les municipalités sont fortement engagées dans la coopération : selon Intermon Oxfam, entre 2007 et 2014, les municipalités catalanes ont coopéré à hauteur de plus de 110 millions d'euros dans plus de 6 500 projets[1]. Pour améliorer encore la coopération, il leur faudra mieux partager les responsabilités et mettre en place des projets stratégiques soutenant la cohésion.

Des initiatives ont été présentées pendant cette journée, comme le projet Migration Ville à Ville de CGLU en Méditerranée (MC2CM), le rôle des migrants (diaspora) au niveau de la coopération, ou encore les projets de travail social réalisés par les municipalités bénéficiaires.

Les élus municipaux sont en faveur de davantage de mobilité sociale, qui garantit de meilleures opportunités sur des générations, ce qui constitue un défi politique à long terme, qui ne sera atteint qu’en y associant tous les citoyens. Les représentants des migrants réclament eux plus de droits, notamment le droit de vote et une participation réelle pour être acceptés sur leur « terre », qui d’après eux est aujourd'hui la Catalogne, « parce que nous vivons depuis 15 ans ici et nous ne rentrerons pas, excepté pour des visites afin de garder le lien avec nos villes natales ».

En ce sens, CGLU continuera à soutenir les municipalités pour faire connaître les expériences des villes et des régions et les partager avec d'autres villes au sein de la Commission Inclusion sociale, démocratie participative et droits humains. Avec le soutien du groupe de travail sur la migration, elle continue à fournir des évaluations pratiques et politiques pratiquées dans les communes associées.



[1] Oxfam Intermón (2016). La Realitat de l’Ajut (En ligne). Disponible sur http://realitatajut.org/ (consulté le 06/02/2017)