L’heure est venue de donner à la culture une véritable place dans la prise de décision quant à l’avenir de l’humanité

L’heure est venue de donner à la culture une véritable place dans la prise de décision quant à l’avenir de l’humanité

Dans le cadre des expériences #CitiesAreListening organisées par Cités et Gouvernements Locaux Unis, Metropolis et ONU-Habitat en collaboration avec la campagne #culture2030goal, Roma Capitale et Azienda Speciale Palaexpo, des dirigeant.e.s locaux.les du monde entier et des réseaux culturels mondiaux de la société civile clefs se sont rencontrés pour discuter du rôle de la culture dans le développement des villes et des communautés.

La session, intitulée « La culture dans le développement durable : l'heure est venue de resserrer les liens », s’est déroulée le 20 avril 2020. Elle a permis de réunir des maires, conseillers et conseillères, ainsi que des représentant.e.s élu.e.s locaux.les de tous les continents, et des représentant.e.s de six organisations culturelles de la société civile. Ils et elles ont discuté ensemble de la nécessité de renforcer les actions et les activités de plaidoyer visant à défendre et à s’engager pour que soit rendue à la culture sa juste valeur au regard du développement au niveau local.

Emilia Sáiz, Secrétaire générale de CGLU, a souhaité la bienvenue aux participant.e.s et a présenté le contexte dans lequel les discussions sur le droit à la culture et la place de la culture dans le développement façonnent les politiques et stratégies de CGLU. Elle a rappelé qu’au-delà de modeler la manière dont les gens vivent à travers le monde, la culture constitue un facteur essentiel dans la définition des aspirations et des rêves des individus, et en tant que tel, elle constitue une composante fondamentale du Pacte de CGLU pour l’Avenir. « Nous avons appris que des liens solides relient la culture aux défis auxquels l'humanité est aujourd’hui confrontée. Nous y voyons un antidote important aux effets négatifs de la crise actuelle. » Elle a également célébré l’inclusion de la culture dans les conversations du G20.

Tunç Soyer, Maire d’Izmir, a invité les acteurs culturels, villes et parties prenantes à participé au 4ème Sommet Culture de CGLU qui s’organisera dans sa ville les 9-11 septembre 2021 prochains, a décrit le Sommet comme une opportunité de connecter la culture et la résilience urbaine, et de promouvoir la créativité et l’innovation à travers le patrimoine, la diversité et les connaissances, clefs du développement durable. « Nous échangerons sur les politiques culturelles et nous promouvrons la culture en tant que quatrième pilier du développement, et en tant que pierre angulaire de la solidarité internationale. »

Luca Trifone, Directeur des Relations Internationales de Rome, a présenté la Charte de Rome sur le droit à participer à la vie culturelle comme un document qui « intègre la narrative la plus convaincante sur les droits culturels ». Il a souligné le rôle important accordé à la culture dans le processus du G20, sous la présidence italienne, et s'est réjoui du fait que l'U20, co-présidé par Rome et Milan, soit pleinement impliqué et reconnaisse, dans son communiqué, la culture comme une partie essentielle de la vie urbaine. « Le G20 sera une étape importante dans la promotion de la culture dans le développement durable, et Rome est heureuse de s'y associer avec CGLU et Urban 20. »

Octavi de la Varga, Secrétaire général de Metropolis, a facilité un panel qui a offert aux membres de la campagne #culture2030goal l’opportunité de présenter leur vision et leurs enjeux, notamment au regard de la pandémie et de la relance après la crise. Nupur Prothi, membre du conseil d’administration du Conseil International des Monuments et des Sites (ICOMOS), a souligné la nécessité de mettre à l’échelle les intentions relatives aux enjeux urbains et au rôle de la culture et des connaissances dans le développement transformatif. Beat Santschi, président de la Fédération Internationale des Coalitions pour la Diversité Culturelle (IFCCD), a signalé que, bien que la culture se soit avérée essentielle pour faire face aux défis actuels, les acteurs culturels ont été les premiers à subir les effets de la crise et seront parmi les derniers à retrouver des conditions plus favorables. De son côté, Victoria Okojie, de l’Association des Bibliothèques du Niger et membre du conseil d’administration de la Fédération Internationale des Associations et des Institutions de Bilbiothèques (IFLA), a mis en évidence le besoin de faire preuve de davantage d’inclusivité et d’imagination pour garantir que le Pacte pour l’Avenir soit à même d’offrir les possibilités de mettre en œuvre la Charte de Rome et l'Agenda 2030 et les ODD des Nations unies. Silja Fisher, Secrétaire générale du Conseil International de la Musique (IMC) a rappelé le rôle transformatif de la culture dans le développement et la nécessité de refléter ce rôle à la fois au sein des politiques publiques et des débats mondiaux, en tant qu’axe structurant du mouvement #culture2030goal. Pierre Claver Mabiala, president du Réseau Arterial, a réaffirmé l’intérêt grandissant des gouvernements africains pour la dimension culturelle du développement, ainsi que le besoin de rapprocher la culture encore davantage aux populations. Enfin, Tere Badia, Secrétaire générale de Culture Action Europe, a averti que la diversité culturelle et les droits culturels sont en jeu, et qu'il est nécessaire de repenser les stratégies holistiques qui incluent une forte dimension culturelle, pour des réponses multidisciplinaires et multi-niveaux.

En réponse à ces messages, le ministre de la culture de la Ville Autonome de Buenos Aires, Enrique Avogadro, a pris la parole et a confirmé la fragilité des écosystèmes culturels au niveau des villes, ainsi que la nécessité d’une réponse plus large, qui aille au-delà des solutions locales telles que les soutiens financiers ou la numérisation. Karima Bennoune, ancienne Rapporteuse Spéciale des Nations Unies dans le domaine des droits culturels, a également souligné que la législation internationale exige des actions allant vers un renouvellement culturel en tant que composante essentielle pour mieux reconstruire, dans la mesure où la culture constitue une réponse à de nombreux défis, du changement climatique à l’égalité des genres, des sociétés inclusives ou le covid-19, et bien plus. « Nous devons garder en tête, comme la Charte de Rome le rappelle, que, parfois, la culture est la solution, et que, d’autres fois, elle aide à trouver les solutions. Beaucoup disent que sans la culture, ils ou elles n'auraient pas survécu aux confinements. Sans mesures appropriées, la culture ne survivra pas. »

Cesare Pietroiusti, president d’Azienda Speciale Palaexpo a présenté la Charte de Rome dans une deuxième partie de la session, en soulignant le fait que le but des arts et de la culture est non seulement d’offrir de la beauté, mais également de permettre de regarder les choses différemment, en offrant un sens critique et une nouvelle conscience à nos agissements quotidiens. Il a ensuite laissé la parole à Sara Alberani et Valerio Del Baglivo, curatrice et curateur des Orchestres de la Transformation, ont brièvement expliqué l’objectif de leur initiative et ont introduit deux artistes, Daniel Fernández Pascual et Alon Schwabe, qui ont présenté le projet Climavore, qui fait partie de l’initiative Cooking Sections qui vise à sensibiliser sur le rôle des villes et des institutions culturelles dans l'atténuation et l'adaptation à la crise climatique.

Le dernier panel, consacré à la réflexion sur la contribution de la Charte de Rome au Pacte de CGLU pour l’Avenir, a été facilité par le Secrétaire général de CGLU Afrique, Jean-Pierre Elong Mbassi, qui a souligné la manière dont les villes du monde entier nous montre comment traduire les cinq capabilités culturelles de la Charte de Rome – découvrir, créer, partager, jouir et protéger – en politiques et actions concrètes, et à quel point la Charte est fondamentale pour le Pacte de CGLU pour l’Avenir. Il a ensuite invité Catarina Vaz-Pinto, adjointe à la culture de Lisbonne à prendre la parole, qui a elle rappelé que placer la culture au centre de la relance est une manière de mettre la Charte de Rome et les droits culturels en pratique, en tant que contribution majeure au travail mené par les villes quotidiennement en termes de politiques. Par la suite, Mohamed Sadiki, maire de Rabat, a souligné que de nombreuses actions locales sont aussi des priorités de l’Agenda 2030 des Nations unies et du Nouveau Programme pour les Villes, dans la mesure où elles contribuent au renforcement les échanges culturels et permettent la coexistence conviviale des communautés. Vannesa Bohórquez, Secrétaire à la culture de la Ville de Mexico, a ajouté qu'à une époque où nous devons récupérer la biodiversité, prévenir le consumérisme abusif et faire face au changement climatique, des initiatives comme la Charte de Rome sont fondamentales pour garantir que le pouvoir de transformation de la culture soit intégré aux réponses. Pour sa part, Gonzalo Olabarría, adjoint à la culture de Bilbao, a réaffirmé la revendication de la culture comme un droit et une valeur en soi, et a déclaré que la Charte de Rome représente un pas important dans la promotion de l'engagement des villes et des gouvernements locaux envers la diversité et les valeurs démocratiques.

Jordi Pascual, coordinateur de la Commission culture de CGLU a remercié les participant.e.s et a souligné l’urgence de renforcer la perspective culturelle dans les politiques publiques locales. Cet appel a été repris par la Secrétaire générale de CGLU, qui a invité les partenaires et les membres à réclamer davantage d’investissement dans la culture, ainsi que davantage d’espace pour la culture dans les plans de relance.

Les résultats de ce CitiesAreListening contribuera à donner forme au travail de CGLU concernant la campagne #culture2030goal ainsi que les actions de la Commission culture en vue du Sommet Culture d’Izmir.