L'expérience #CitiesAreListening rassemble toutes les sphères de gouvernement et la communauté internationale des bailleurs de fonds pour se pencher sur le devenir de la coopération au développement à l'époque de la Covid et au-delà

L'expérience #CitiesAreListening rassemble toutes les sphères de gouvernement et la communauté internationale des bailleurs de fonds pour se pencher sur le devenir de la coopération au développement à l'époque de la Covid et au-delà

Les expériences #CitiesAreListening ont pour vocation de transcender la distance sociale et d'évoluer vers un monde mené par les communautés. 

En partenariat avec le groupe de travail sur le renforcement des capacités institutionnelles (CIB) de CGLU, qui a élaboré une position commune sur la Covid-19 et la coopération au développement des gouvernements locaux, ainsi qu'avec le réseau DeLoG, la discussion a porté sur les évolutions récentes en matière de développement international et sur la manière dont la crise de la Covid-19 a amplifié les problèmes existants tout en offrant de nouvelles possibilités en matière de coopération. La session a rassemblé 120 participant·e·s du monde entier. 12 intervenant·e·s représentant des gouvernements locaux, régionaux et nationaux, ainsi que des bailleurs de fonds internationaux, ont parlé de l'impact de la Covid-19 sur leur travail, leurs objectifs et leurs priorités et ont réfléchi à la manière dont le secteur de la coopération au développement doit évoluer, au vu de l'évolution du contexte et des besoins des bénéficiaires et des partenaires.

La session s'est ouverte sur les défis qui se posent actuellement en matière de développement. Pour la première fois, l'indice de développement humain rendra compte d'un déclin du développement humain. Plus de 100 millions de personnes sont touchées. Jusqu'à 250 millions de personnes pourraient souffrir de faim extrême et de pénurie alimentaire. Les mesures de confinement ont touché des millions de personnes qui dépendent du secteur informel. 32 milliards d'enfants sont privés d'école et, même lorsqu'elle sera rouverte, les risques de voir ces enfants se mettre à travailler sont réels. Les pays à revenu intermédiaire qui dépendent du tourisme vont également connaître une forte crise économique et sociale. 

Dans ce contexte, la solidarité et la coopération internationales sont plus importantes que jamais. Elles occupent une place centrale dans le décalogue de CGLU pour l'ère post-COVID-19 et ont souligné le rôle important de la coopération en matière de fourniture de services locaux, de promotion de l'égalité et de la bonne gouvernance, y compris le renouvellement du système multilatéral et la reprise après la pandémie.

Jan van Zanen, maire de La Haye, président de VNG et co-président de CGLU, a encadré la discussion en expliquant comment les membres de CGLU considèrent la coopération au développement comme un instrument clé pour la relance, et combien il est essentiel d'impliquer toutes les parties prenantes dans le débat afin de faire avancer conjointement cette question. Il a en outre souligné que les Objectifs de développement durable doivent rester au centre de tous nos efforts.

Tout au long de la pandémie, les collectivités territoriales ont prouvé à maintes reprises que la solidarité est un gage de sécurité. Le Pacte pour l'avenir que CGLU a entrepris de mettre au point, et dont l'expérience #CitiesAreListening constitue un axe majeur, vise à faire en sorte que les points de vue de nos communautés soient pris en compte dans les mécanismes décisionnels et que l'accès aux services de base soit garanti pour toutes et tous.

La coopération décentralisée est un outil clé de la coopération internationale et des programmes de développement, et est essentielle pour renforcer la capacité des collectivités territoriales à générer un savoir collectif et à relever les défis. Les associations de collectivités territoriales ont un rôle essentiel à jouer pour promouvoir cette coopération auprès de leurs membres et garantir que nos communautés sont au cœur du système multilatéral en faisant entendre leur voix et en s'engageant dans des partenariats solides avec toutes les parties prenantes.

« Les membres de CGLU sont fermement convaincus que la coopération au développement menée par les collectivités territoriales est l'un des instruments clés pour relever les défis qui nous attendent, qu'il s'agisse des effets du changement climatique, des enjeux sociaux ou sanitaires. En outre, la coopération au développement des autorités locales et régionales peut contribuer à la réalisation des Objectifs de développement durable, tant au niveau national qu'international, y compris dans le nouveau contexte » Jan Van Zanen, maire de La Haye, co-président de CGLU, président de VNG.

Emilia Saiz, secrétaire générale de CGLU, a ouvert la séance en faisant remarquer que « le fait de concevoir la coopération comme un principe universel (tout aussi pertinent pour les pays du Nord que pour ceux du Sud) est crucial pour le renouvellement du contrat social articulé autour des Objectifs de développement durable. Les échanges autour de la coopération devront également aborder le retour et la remise en cause des biens communs mondiaux et de leurs modalités de mise en œuvre. »

Le premier panel, composé de 6 intervenant·e·s issus des collectivités territoriales et de plusieurs ministères des Affaires étrangères, était modéré par Lucy Slack, secrétaire générale adjointe du Commonwealth Local Government Forum. Les participant·e·s ont été invités à évaluer le rôle que jouent les collectivités territoriales pendant la pandémie de Covid-19 et l'impact de cette dernière sur la coopération au développement.

Geneviève Sevrin, directrice de Cités Unies France, a affirmé que les collectivités territoriales se sont adaptées au nouveau contexte en recalibrant leur action internationale autour de projets de récupération immédiate, et a souligné la volonté des collectivités territoriales d'apprendre les unes des autres et de coopérer comme un aspect clé de la reprise.

Achim Johannsen, chargé de mission principal à la division Gouvernance, démocratie et État de droit du ministère fédéral allemand de la Coopération économique et du Développement (BMZ), a souligné l'importance de lutter contre les inégalités croissantes, en particulier en ce qui concerne la fracture numérique, qui est plus actuelle que jamais. Il a également appelé à garantir l'accès des collectivités territoriales au financement comme moyen de soulager les pressions auxquelles elles sont confrontées

Thomas Gass, ambassadeur, vice-directeur et chef du Domaine de direction Coopération Sud de la Direction du développement et de la coopération (DDC), a fait valoir que les tendances qui étaient déjà en place avant la pandémie ont été exacerbées au cours des derniers mois, et qu'il est important de formuler une réponse cohérente sur la manière dont le tissu social peut être renforcé à travers les capacités des gouvernements locaux et régionaux.

Shehryar Sarwar, analyste principal en matière de gouvernance et de responsabilité, Affaires mondiales Canada, a exposé son point de vue sur l’impact de la pandémie sur les femmes et les filles, et sur la manière dont cette crise a sensibilisé davantage à la nécessité de créer un environnement favorable qui permettrait aux femmes de mieux se faire entendre et d'exercer un plus grand leadership, ainsi qu'à l'importance de renforcer le niveau local pour faire entendre la voix des femmes dans la vie publique.

Bert Janssens, responsable de l'unité européenne et internationale de l'Association des villes et communes flamandes (VVSG, Flandre), a fait valoir que si la Covid-19 a mis le monde entre parenthèses au cours des premiers mois, elle n'a pas mis en veilleuse le travail et la réalisation des ODD. Il a également abordé les défis de la coopération entre villes dans un contexte virtuel et a soutenu qu'il faut renforcer le budget de la coopération au développement.

Nayoka Martinez Bäckström, spécialiste principale de programme et coordinatrice thématique du développement urbain, unité de coopération mondiale sur l'environnement de l'Agence suédoise de coopération internationale au développement (Asdi), a souligné qu'investir dans les ODD est également un investissement pour la relance, et a fait valoir que le partenariat de l'Asdi avec CGLU est essentiel pour la réalisation des agendas de développement, puisque l'organisation mondiale est une figure politique clé et influente au nom des collectivités territoriales et des communautés qu'elles représentent. Elle a souligné que le dispositif d'apprentissage que CGLU a conçu pour la localisation et les échanges entre pairs sont des éléments essentiels de l'agenda.

Le deuxième panel, modéré par le directeur de Cities Alliance, Billy Cobbett, a abordé l'impact de la crise sur les priorités des politiques de coopération au développement, et a demandé aux participant·e·s d'apporter leurs contributions sur les scénarios possibles pour la coopération au développement. Il a ensuite expliqué comment le travail de Cities Alliance avait été affecté par la crise, et a appelé à ce que les citadins les plus démunis soient considérés comme des partenaires à part entière dans le développement des villes, afin de réduire les inégalités, ce qui est déjà une condition préalable à la résolution de nombreuses crises que nous connaissons aujourd'hui.

Shipra Narang Suri, cheffe du service des pratiques urbaines d'ONU-Habitat, a ouvert le panel en soulignant que les gouvernements locaux et régionaux n'ont pas encore abordé la question des incitations fiscales, et que les débats sur la reprise et la transformation du système multilatéral doivent porter sur les nouvelles sources de financement des sphères de gouvernement au niveau infranational.

Carme Gual, directrice de l'Agence catalane de coopération au développement, a évoqué la nécessité de créer de nouvelles alliances avec les ONG, les institutions universitaires et les organisations humanitaires, parmi d'autres. Elle a également appelé à identifier des alliances thématiques possibles, comme celle entre le secteur de l'environnement et la coopération au développement, et a mentionné que les gouvernements à tous les niveaux devraient faciliter des espaces pour faire en sorte que ces alliances se concrétisent.

Lex Gerts, directeur adjoint de la stabilisation et de l'aide humanitaire au ministère des Affaires étrangères des Pays-Bas, a soutenu que, si la question du redressement est vaste, il reste indispensable de travailler avec les acteurs locaux pour renforcer la résilience, l'appropriation et l'évaluation des agendas universels de développement. « La programmation et les politiques doivent être adaptables, mais pas erratiques. Nous devons rester des partenaires dignes de confiance. »

Jenny Jansson Pierce, directrice de SKL International, a souligné à quel point la pandémie a jeté un nouvel éclairage sur l'importance de la coopération et sur le rôle des associations de collectivités territoriales. La pandémie, a-t-elle fait valoir, exigera du secteur de la coopération au développement qu'il développe des partenariats solides et des projets flexibles, afin de garantir que nous obtenions toujours des résultats.

Marlène Simeon, directrice de PLATFORMA, a présenté la réponse de #TeamEurope à la pandémie, mise en place par l'Union européenne, et a soutenu que l'objectif est maintenant de s'assurer que les collectivités territoriales sont réellement intégrées dans la réponse, en particulier dans des domaines tels que les droits humains, l'égalité des genres et les droits des personnes migrantes.

Hiroyuki Ito, responsable du Plan d'action pour les villes vertes (GCAP) à la Banque européenne pour la reconstruction et le développement, a présenté les initiatives spécifiques prises par les villes vertes pendant la pandémie et a appelé à une approche holistique de la résilience au-delà de la préparation aux catastrophes, qui comprend l'accès aux services, à l'éducation et à un accès durable à la nourriture.

Peter Knip, directeur de VNG International et président du groupe de travail du CIB, a conclu la session en saluant le Pacte pour l'avenir et le caractère multipartite de l'initiative #CitiesAreListening, et a affirmé qu'en raison de la crise actuelle, le secteur public est de nouveau dans le collimateur. Il est essentiel de poursuivre l'évaluation des besoins dans les pays où nous travaillons, ainsi que dans nos propres pays, pour comprendre ce nouveau contexte et améliorer la vie de nos populations.

« En écoutant ces échanges, j'ai eu le sentiment que nous partageons de nombreuses valeurs communes entre les pouvoirs locaux et régionaux et leurs associations (les responsables de la mise en œuvre des programmes de coopération au développement) et les bailleurs de fonds. Les besoins de nos partenaires ont changé, les instruments de coopération ont changé. Nous devons considérer cela comme une responsabilité commune d'adaptation aux nouvelles réalités afin de contribuer à reconstruire en mieux ». Peter Knip, directeur de VNG International et président du groupe de travail du CIB

Berry Vrbanovic, trésorier de CGLU et maire de Kitchener, a prononcé le discours de clôture, déclarant que les partenariats entre les collectivités territoriales sont plus nécessaires que jamais, et qu'il est impératif de faire appel à toutes les sphères de gouvernement pour qu'elles unissent leurs efforts en vue d'un avenir plus durable.

« Il n'a jamais été aussi important de faire preuve de coordination et de coopération afin de mettre en place des programmes efficaces. Cette pandémie nous a montré qu'il est crucial de collaborer non seulement entre les gouvernements locaux, mais aussi entre les sphères de gouvernement, de se rassembler, de dialoguer et de mener des actions de développement efficaces ». Berry Vrbanovic, maire de Kitchener, trésorier de CGLU.

La session s'est terminée par l'engagement de toutes les parties prenantes à continuer à s'engager dans le dialogue structurel proposé par les expériences #CitiesAreListening et avec la conviction que, même si les priorités en matière de développement ne vont pas changer, il n'en demeure pas moins que les villes doivent continuer à s'engager dans le dialogue. La raison pour laquelle nous coopérons et la manière dont nous établissons les priorités des questions clés vont être influencées par la pandémie. Il est indéniable que la protection des biens communs, tant au niveau local que mondial, devra être un objectif plus clair qu'elle ne l'a été jusqu'à présent.