CGLU appelle à une reprise durable grâce à la prestation des services de base lors du troisième Forum des gouvernements locaux et régionaux

Le troisième Forum des gouvernements locaux et régionaux, co-organisé par la Global taskforce et UN-DESA, ONU-Habitat et le Bureau exécutif du secrétaire général de l’ONU, s’est déroulé dans le cadre du Forum politique de haut niveau 2020. Avec plus de 30 intervenant·e·s, dont Tijjani Muhammad Bande, président de la 74e Assemblée générale des Nations unies ; Liu Zhenmin, sous-secrétaire général des Nations unies aux affaires économiques et sociales ; Maimunah Mohd Sharif, sous-secrétaire générale des Nations unies et directrice exécutive d’ONU-Habitat ; Mahmoud Mohieldin, envoyé spécial du secrétaire général pour le financement de l’Agenda 2030 pour le développement durable ; ainsi que des représentant·e·s des gouvernements nationaux, locaux et régionaux, la session a rassemblé plus de 300 participant·e·s.

Sous le titre « La décennie d’action : impulser un changement depuis la base », le Forum des GLR a débattu de l’importance de la prestation des services essentiels, de la nécessité d’une gouvernance territoriale multiniveaux renouvelée au milieu de la pandémie, et de la manière de mener une collaboration totale entre les sphères de gouvernement pour mieux reconstruire après l’épidémie, en tenant compte du fait que la feuille de route transformatrice pour les gouvernements locaux et régionaux reste l’Agenda 2030 et ses ODD.

En ouverture de l’événement, Liu Zhenmin, sous-secrétaire général des Nations unies aux affaires économiques et sociales, a plaidé pour la nécessité de veiller à ce que nous ne fassions pas reculer les progrès réalisés sur les ODD, ce qui pourrait entraver la résilience de nos communautés. Maimunah Mohd Sharif, directrice exécutive d’ONU-Habitat, a souligné la nécessité de mettre en place des mécanismes de financement novateurs et d’investir dans le capital humain, et a mis en avant la « légitimité unique » des GLR pour rassembler leurs communautés, les saluant comme les acteurs clés dont dépendra l’avenir.

Mahmoud Mohieldin, envoyé spécial du secrétaire général des Nations unies pour le financement de l’Agenda 2030 pour le développement durable, a souligné le besoin d’un nouvel « ADN » et a appelé à une approche multidimensionnelle visant à tirer parti des liens entre les zones urbaines et rurales, et à mettre au point des mécanismes de financement innovants.

Le président de CGLU, Mohamed Boudra, maire d’Al Hoceima et président de l’Association marocaine des présidents de conseils communaux (AMPCC), a évoqué l’interdépendance des systèmes sanitaires et de la prestation des services publics, appelant les plans nationaux de développement et de relance à intégrer des plans de localisation des agendas en faveur des services publics de base et de l’action communautaire. Il a également rappelé l’importance du rapport « Vers la localisation des ODD » comme un instrument essentiel pour notre plaidoyer.

« Les sacrifices de nos communautés ne peuvent pas passer inaperçus. Notre résilience post-crise et la durabilité de la planète sont en jeu pour la décennie d’action. » Mohamed Boudra, président de CGLU

1st panel LRGs Forum HLPF2020

Le panel sur « La prestation de services de base universels » a été modéré par Raf Tuts, directeur de la division des solutions globales, ONU-Habitat. Magnus Berntsson, président de l’Assemblée des régions d’Europe, a salué les actions des gouvernements locaux et régionaux pendant la pandémie, et a fait valoir sur les plans de relance devaient inclure l’aspect environnemental et les ODD liés au climat et à la nature. Abdessamad Sekkal, président du Conseil régional de Rabat-Salé-Kénitra et président d’ORU-FOGAR, a affirmé l’importance de la subsidiarité et de la participation des citoyen·ne·s à la prise de décision pour la mise en œuvre des ODD dans l’ère post-COVID-19.

Rohey Malick Lowe, maire de Banjul, a évoqué les principaux défis liés au COVID-19 en Afrique, en soulignant l’importance de sensibiliser les gens à l’urgence de la pandémie et de générer une appropriation des Objectifs de développement durable dans les communautés locales. Le révérend Mpho Moruakgomo, président du Commonwealth Local Government Forum (CLGF), a mentionné que la nouvelle normalité devait inclure la décentralisation afin de renforcer les services de base, et a plaidé pour la transformation de nos modèles de consommation afin d’assurer une reprise soucieuse des communautés locales.

Osama Al Azzam, directeur général de la Banque de développement des villes et villages et secrétaire général par intérim du ministère de l’administration locale de Jordanie, a souligné que son pays s’efforce déjà d’assurer une reprise résiliente grâce à une collaboration avec les fermes solaires. Les demandes énergétiques accrues, a-t-il affirmé, doivent être satisfaites par des moyens durables.

Le panel a été clôturé par David Boys, secrétaire général adjoint de l’Internationale des services publics, qui a exposé la nécessité de réformer nos systèmes actuels. Cette réforme, a-t-il soutenu, doit inclure toutes les parties prenantes afin de renforcer nos démocraties, et doit se faire par une réforme de nos systèmes financiers et fiscaux qui s’attaque également aux inégalités économiques, et finance adéquatement les services de base.

Le panel sur la gouvernance territorial multiniveaux et le financement durable a été modéré par Haoliang Xu, directeur du Bureau pour le soutien aux politiques et aux programmes du PNUD, qui a appelé à la co-création à plusieurs niveaux fin de réaliser les agendas universels. Cela nécessite l’implication de tous les niveaux de gouvernement, en particulier dans le processus de suivi et de rapport et par le biais des examens locaux volontaires.

Thembisile Nkadimeng, maire de Polokwane, présidente de l’Association des gouvernements locaux d’Afrique du Sud (SALGA) et coprésidente de CGLU, a appelé toutes les sphères de gouvernements à réaliser des investissements pour un avenir plus vert. Le système de gouvernance à plusieurs niveaux, a-t-elle affirmé, est essentiel pour soutenir et habiliter les gouvernements locaux et régionaux à maintenir leurs engagements en faveur des agendas universels de développement

« Nos efforts doivent inclure des investissements pour un avenir plus inclusif et plus vert, et c’est là que le système multilatéral peut soutenir la gouvernance à plusieurs niveaux et donner aux GLR les moyens de poursuivre l’engagement avec les accords mondiaux. » Thembisile Nkadimeng, maire de Polokwane, présidente de SALGA et coprésidente de CGLU

L’appel à étendre la collaboration à plusieurs niveaux a été repris par Ashok Sridharan, maire de Bonn et président d’ICLEI (Gouvernements locaux pour la durabilité), qui a exhorté les GLR à présenter des engagements ambitieux lors de la 26e session de la Conférence des parties à la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) à Glasgow, car il est désormais temps d’agir.

Claudia López, maire de Bogotá, a plaidé pour le renforcement des liens entre les gouvernements locaux, afin de s’assurer qu’ils reçoivent l’assistance financière et technique adéquate pour garantir une reprise verte et durable.

Linda Bilmes, de la Harvard Kennedy School et du Comité d’experts de l’ONU sur l’administration publique (CEPA), a souligné que la plupart des gouvernements locaux et régionaux sont en passe d’intégrer les ODD dans leurs finances, notamment par le biais de la budgétisation participative, et a appelé les gouvernements nationaux et les institutions financières à fournir une aide directe aux dépenses consacrées aux services de base.

Célestine Ketcha Courtès, ministre du logement et du développement urbain du Cameroun, a appelé à de fortes synergies entre les gouvernements locaux et nationaux, les partenaires du développement et l’ONU, si nous voulons reconstruire en mieux et repenser le développement durable.

María Soledad Cisternas Reyes, envoyée spéciale du secrétaire général de l’ONU pour le handicap et l’accessibilité, a souligné l’opportunité qui nous est offerte de faire de l’accessibilité une question transversale dans la réponse au COVID-19. Plus d’accessibilité, a-t-elle déclaré, signifie moins de pauvreté.

Le panel sur le thème « reconstruire en mieux » a été modéré Elliott Harris, sous-secrétaire général de l’ONU au développement économique et économiste en chef. Il a souligné que les Objectifs de développement durable constituent le cadre permettant de « reconstruire en mieux » et de mieux répondre aux besoins de notre environnement, de nos économies et de nos sociétés. Wim Dries, maire de Gand et président de l’Association des villes et communes flamandes, a présenté les trois piliers à prendre en compte pour reconstruire en mieux, à savoir des politiques durables au niveau local et mondial, des gouvernements locaux et régionaux impliqués dans la relance post-COVID-19, ainsi que des partenariats et l’ODD 17 comme étant la clé.  

Adriana Allen, présidente de la Coalition internationale pour l’habitat, a souligné que la pandémie avait mis en lumière les inégalités existantes et que pour reconstruire en mieux, il fallait nécessairement s’écarter de la marchandisation des ressources publiques et les rendre accessibles à tou·te·s, afin de construire des sociétés véritablement plus inclusives.

Andrew Wilson, observateur permanent à la Chambre de commerce international (CCI) auprès de l’ONU, a déclaré que le principal enseignement de la crise du COVID-19 est que les solutions locales sont d’une grande valeur pour la reprise, et que les systèmes économiques et sociaux doivent renforcer leur résilience à l’avenir.

Ilsur Metshin, maire de Kazan et président du Comité consultatif des autorités locales auprès des Nations unies (UNACLA), a déclaré que la pandémie nous montre l’importance de l’action locale à grande échelle. La coopération décentralisée au niveau local, a–t-il soutenu, est la clé même de la lutte contre les défis mondiaux.

« Nous traversons tous des moments difficiles et les GLR sont en première ligne dans la bataille contre le COVID. Pour nous tous, le déclenchement inattendu de la pandémie est une chance de changer notre façon de vivre. » Ilsur Metshin, maire de Kazan et président d’UNACLA

Armand Béouindé, maire de Ouagadougou et vice-président de CGLU pour l’Afrique, a affirmé que c’est par le dialogue, les échanges et la coopération que nous pourrons développer de nouvelles villes et de nouvelles économies qui pourront répondre aux besoins de nos territoires.

Jean Pierre Elong Mbassi, secrétaire général de CGLU-Afrique, a déclaré que le fait d’amener les gouvernements locaux et régionaux à la table des négociations est un moyen essentiel pour l’ONU de montrer ses progrès, à l’occasion de son 75e anniversaire.

Greg Munro, secrétaire général de CLGF, a fait valoir que la présence des gouvernements locaux et régionaux à la table des décisions est un moyen de légitimer le système, et une façon cruciale d’améliorer la confiance entre les institutions internationales et les citoyen·ne·s.

Tijjani Muhammad Bande, président de la 74e Assemblée générale des Nations unies, a ouvert la cérémonie de clôture en déclarant que la reprise et la réalisation des ODD ne sont pas des tâches qui incombent à une seule partie prenante. Les partenariats entre les sphères de gouvernement, a-t-il ajouté, seront essentiels pour assurer les services de base.

Selwin Hart, conseiller spécial du secrétaire général et sous-secrétaire général pour l’action climatique, a souligné l’importance du leadership des GLR comme moteurs de la transformation, et les a appelés à se faire les avocats des six actions liées au climat, afin de façonner la reprise post-COVID-19.

Antonio de Mello, coordinateur des relations internationales à la mairie de Rio de Janeiro, a plaidé pour une reprise plus verte et durable, et a appelé les institutions internationales et les banques de développement à fournir des lignes de crédit aux pays qui souffrent actuellement des pires effets de la pandémie.

En clôturant l’événement, Emilia Saiz, secrétaire générale de CGLU, a souligné la nécessité d’un système multilatéral plus inclusif pour faire avancer les efforts de reprise post-COVID-19, ainsi que l’Agenda 2030, en exhortant les participant·e·s à fournir leurs engagements d’action à l’ONU et s’assurer ainsi que les voix locales pour les ODD et la reprise soient bel et bien entendues.

Plus d'informations : 
  • Lire rapport « Vers la localisation des ODD » ici.
  • Regardez à nouveau la session ici.
  • Lire la déclaration de la Global Taskforce au Forum de Haut Niveau. 
  • Lisez la couverture de l'IIDD sur le Forum des gouvernements locaux et régionaux
  • Lire le Bulletin de l'IIDD sur le Forum des gouvernements locaux et régionaux